La horde du contrevent – Alain Damasio
MAGISTRAL.
Ne croyez pas que j’écris ici la suite des mes « romans de l’été » car celui-ci fait partie de ceux que l’on lirait en toutes circonstances. Je l’ai englouti l’été dernier au bord de la piscine mais m’en serais tout aussi bien délectée au coin du feu en plein hiver : une fois les cinquante premières pages lues, promis, vous ne pourrez plus le lâcher.
De toutes les œuvres que j’ai pu lire, La horde du contrevent est sans conteste l’une de celle qui m’aura le plus marquée : magistrale vous dis-je.
Quatrième de couverture :
« Imaginez une Terre poncée, avec en son centre une bande de cinq mille kilomètres de large et sur ses franges un miroir de glace à peine rayable, inhabité. Imaginez qu’un vent féroce en rince la surface. Que les villages qui s’y sont accrochés, avec leurs maisons en goutte d’eau, les chars à voile qui la strient, les airpailleurs debout en plein flot, tous résistent. Imaginez qu’en Extrême-Aval ait été formé un bloc d’élite d’une vingtaine d’enfants aptes à remonter au cran, rafale en gueule, leur vie durant, le vent jusqu’à sa source, à ce jour jamais atteinte : l’Extrême-Amont.
Mon nom est Sov Strochnis, scribe. Mon nom est Caracole le troubadour et Oroshi Melicerte, aéromaître. Je m’appelle aussi Golgoth, traceur de la Horde, Arval l’éclaireur et parfois même Larco lorsque je braconne l’azur à la cage volante. Ensemble, nous formons la Horde du Contrevent. Il en a existé trente-trois en huit siècles, toutes infructueuses. Je vous parle au nom de la trente-quatrième : sans doute l’ultime. »
Ce bouquin fait partie de ceux que l’on regrette de finir : on voudrait que jamais ça ne s’arrête, on a envie de suivre les aventures de cette horde fantastique au cœur de ce monde violemment poétique encore et encore. Plus qu’un roman c’est un conte, ciselé, sauvage, ensorceleur, puissant, spectaculaire à l’instar de son héros : le vent.
Comme je le sous-entendais plus haut, le début peut être déroutant : il faut savoir apprivoiser l’œuvre écrite à la première personne par beaucoup de personnages différents au vocabulaire réinventé auquel on s’adapte néanmoins assez vite pour que la magie opère. Alors le roman accepte de nous entrainer dans la plus incroyable des épopées, de la page 521 à la page 0, l’Extrême-Amont.
Alain Damasio réussit ici un tour de force : nous faire partager la quête spirituelle, philosophique des personnages sans que le roman ne s’essouffle à aucun moment tant il n’est que pure action.
Mon passage préféré, le duel de palindromes, commence ainsi : « Engage le jeu que je le gagne ». Jouissif !
Depuis que je l’ai lu, à chaque fois que l’on me demande si j’ai un bon bouquin bien prenant à conseiller, celui-ci arrive en tête.
Un grand merci à Anne qui m’a recommandé ce chef d’œuvre quand j’ai eu la bonne idée de lui demander conseil